| Accueil >> Sermons perdus

Le «Pape» Raymond Gravel

L'abbé Raymond Gravel Le Nonce Apostolique du Canada
À gauche, Raymond Gravel. À droite, le Nonce Apostolique du Canada,
qui tente d'éviter la contamination tout en répondant aux questions concernant l'Affaire Gravel
(Source pour Gravel; Source pour Nonce)

1) Introduction

Voici le meilleur article que j'ai lu jusqu'à maintenant sur «L'affaire Raymond Gravel». Raymond Gravel a été un prostitué homosexuel pendant les dix premières années de sa vie adulte. Ensuite, il est devenu «prêtre» avec une facilité déconcertante dans le diocèse de Joliette. Depuis ces années, il s'oppose avec véhémence aux enseignements de l'Église catholique, entre autres sur la sodomie et l'avortement. Il s'est même fait élire au Parlement pour le parti politique du Bloc Québécois, probablement le plus anti-catholique au Canada.

(Par contre, cet article aborde seulement l'aspect religieux de «L'affaire Raymond Gravel». Pour l'aspect politique, SVP voir: Je lance la première pierre à Raymond Gravel.)

Ce scandale soulève une fois de plus la question de «Qui est le Pape dans cette Église?» Qui a «l'autorité plénière, suprême et universelle sur l'Église»? [Denzinger N° 4146] Est-ce Benoît XVI, ou le «Pape» Raymond Gravel? Vous trouvez peut-être que la réponse est évidente. Mais pour les fidèles ordinaires (et confus), qui sont quotidiennement bombardés par la propagande anti-catholique, l'Omertà catholique a tendance à élire le «Pape» Raymond Gravel.

Après tout, vous et moi ne pouvons pas tout bêtement se lever le matin et changer les enseignements de l'Église catholique! Même les évêques et les cardinaux ne peuvent pas faire ça! Mais si Raymond Gravel peut le faire, alors il doit être le Pape!

2) Il ne l'a pas (par Oncle Diogène)

C'est officiel. On s'est fait dire que le Saint-Siège n'a PAS donné la permission à l'abbé Raymond Gravel de briguer le poste de député au Parlement fédéral canadien. Son Ordinaire diocésain a publié une déclaration à ce sujet (merci à LifeSite):

Mise au point de l'évêque de Joliette, Mgr Gilles Lussier

Aucun "feu vert" n'a été donné par le Vatican. L'Évêque de Joliette n'a reçu aucune permission de la part des Autorités romaines concernant le projet de l'abbé Raymond Gravel. La législation de l'Église est claire: tout prêtre doit s'abstenir de tout engagement militant dans la politique. Cependant, il peut arriver que dans des circonstances concrètes et vraiment exceptionnelles, une telle chose soit possible. Il s'agit alors d'une dérogation à la norme commune. C'est à l'autorité compétente, en l'occurrence l'Évêque du diocèse, d'étudier la demande. Il doit prendre en considération tout spécialement le bien de la communauté ecclésiale et le bien commun de la société pour consentir, le cas échéant, à une telle dérogation. À cette fin, il doit consulter son Conseil Presbytéral, c'est-à-dire les représentants du clergé diocésain qui assistent l'Évêque dans la gouverne de son diocèse. Dans le cas présent, ce n'est pas la situation dans notre pays qui justifie la dérogation à la règle commune telle que le droit de l'Église la définit.

En faisant le choix de prendre une part active dans un parti politique, l'abbé Gravel conserve l'état clérical mais il est relevé de l'exercice du ministère sacerdotal. Il ne peut exercer aucune activité en tant que prêtre durant le temps de son implication en politique. Cette mesure vise à éviter toute confusion chez les fidèles et à préserver la distinction entre la fonction politique et la religion. En tout état de cause, le fait de renoncer à l'exercice du ministère sacerdotal représente toujours une situation pénible pour l'Église.

2006-octobre-31

Cette clarification soulève autant de questions qu'elle fournit de réponses, mais elle plante quelques solides piquets dans le gazon. Examinons-la de plus près.

Les trois premières phrases ont presque certainement été écrites avec un fusil sur la tempe. On dirait que le Nonce les a dictées au téléphone et a exigé qu'elles soient rendues publiques telles quelles. Elles disculpent presque le Nonce et le Saint-Siège (j'en reparle ci-bas).

La deuxième partie, concernant la possible exception à la règle de non-participation à la politique, est surtout un écran de fumée. On se fait balancer une historiette juridique sur ce que l'évêque doit faire pour accorder une permission exceptionnelle, mais on se fait seulement dire que les conditions requises ne sont pas présentes. Il n'est même pas clair si le Conseil presbytéral a oui ou non été consulté. On peut déduire de sa clarification que Lussier n'a pas cherché à obtenir une dérogation canonique qui aurait légitimé la candidature de Gravel, mais Lussier ne dit jamais explicitement qu'il a refusé sa permission à Gravel, soit formellement ou informellement, et Lussier ne dit pas non plus qu'il désapprouve la candidature de Gravel. La conclusion est équivoque, probablement intentionnellement: On peut la lire comme «c'est douloureux lorsqu'un prêtre abandonne le ministère sacerdotal parce qu'il trouve que l'activité séculière est plus importante», ou on peut la lire comme «quelle tristesse qu'un homme merveilleux comme Gravel doive être relevé de son ministère pour qu'il puisse tenter de se faire élire!»

Question évidente N° 1: Pourquoi Mgr Lussier a-t-il attendu si longtemps avant d'annoncer que Gravel n'avait pas la permission du Vatican? Les manchettes ont fanfaronné le contraire depuis plus d'une semaine. Lussier devait savoir d'avance que Gravel se présenterait, alors pourquoi n'a-t-il pas fait une déclaration clarifiant l'état de Gravel en prévision de sa candidature?

Question évidente N° 2: Lussier a-t-il eu des échanges avec le Saint-Siège concernant la candidature de Gravel, avant qu'elle soit annoncée? Sinon, pourquoi pas? Si oui, quel a été le contenu de ces communications, et quel en a été la conclusion? Lussier peut-il prétendre qu'il s'imaginait que la candidature d'un prêtre, ancien prostituté, passerait inaperçue dans les médias, de telle manière qu'il ne valait pas la peine d'avertir d'avance le Vatican?

Question évidente N° 3: Lussier a-t-il informé d'avance ses collègues évêques canadiens? A-t-il tenté d'obtenir leurs conseils ou leur consentement? A-t-il téléphoné à Mgr Frédéric Henry à Calgary pour lui demander: «Je sais que ce n'est pas dans ta plate-bande, mais on va peut-être tous se faire canarder par les médias. Je voulais juste que tu ne te fasses pas prendre par surprise par la candidature de Gravel comme député fédéral»?

Question évidente N° 4: Quelles discussions Gravel a-t-il eu avec Lussier? Quand Lussier a-t-il appris la possibilité de la candidature de Gravel? Lussier a-t-il désapprouvé? Est-ce qu'il l'approuve maintenant? La question d'une déclaration publique de l'approbation ecclésiastique a-t-elle été soulevée? Si non, pourquoi pas? Si oui, qui a refilé aux médias l'histoire de la «Permission du Vatican»?

La plus évidente question de toutes: Même si on laisse de côté son passé grotesquement problématique, comment se fait-il qu'un dissident public et virulent comme Rayond Gravel n'ait pas été défroqué il y a trois ans?

La véracité tactiquement restreinte et le pur subterfuge qu'on rencontre à chaque rebondissement de l'Affaire Gravel sont exaspérants. C'est clair qu'ils ne sont pas francs avec nous. Imaginez un instant que Gravel ne soit pas un militant homosexuel, mais un raciste qui, mettons, tombait dans l'autre extrême en acceptant d'être candidat pour une sorte de parti raciste du genre «Déportons les importés». Pensez-vous que le diocèse aurait pris ses distances de Gravel avec timidité? Pensez-vous qu'on aurait attendu deux jours, encore moins deux semaines, pour avoir une déclaration de répudiation catégorique? Pensez-vous qu'on aurait un quelconque doute sur les démarches que l'évêque avait eu avec le prêtre en question? Pensez-vous qu'il conserverait son état clérical comme Gravel l'a fait, ou qu'on nous dirait que l'Église considère son interruption de ministère sacerdotal comme étant pénible?

Mais il y a une chose qui est encore plus achalante que d'être obligé d'extraire les faits de la chancellerie diocésaine, comme autant de molaires incluses. C'est l'insinuation que les fidèles n'ont pas d'affaire à connaître la nature exacte de la permission ecclésiastique de Gravel. Ce n'est pas de la curiosité malsaine de demander si oui ou non, et jusqu'à quel point l'Église approuve des positions controversées adoptées publiquement par ses clercs. La distinction entre l'état clérical de Gravel et l'exercice de son ministère sacerdotal va peut-être satisfaire un avocat du droit canon, mais 90% des fidèles (et du public) vont tout simplement comprendre qu'un prêtre militant homosexuel notoire, qui n'a pas été défroqué, tente de se faire élire député, sans opposition publique de l'Église.

Si c'est ça, la sollicitude pastorale, alors de quoi à l'air la malfaisance pastorale?

Copyright © 2006 Catholic Culture. Traducteur: SJJ

3) Conclusion

Ici, Oncle Diogène conclut en donnant les informations de contact pour le diocèse de Joliette et pour le Nonce Apostolique du Canada, pour que vous puissiez leur écrire. C'est à vous de décider, mais je ne suis pas en faveur des tempêtes de courriels. J'ai envie de dire que si vous n'avez pas encore fait votre Profession de Foi publique, ne perdez pas votre temps à demander à vos supérieurs comment il se fait qu'ils ne font pas leur travail. Faites le vôtre pour commencer.

Diocèse de Joliette
2, rue St-Charles-Borromée Nord
C.P. 470
Joliette, QC
J6E 6H6
Téléphone: (450) 753-7596
Courriel: communication (arobas) diocesedejoliette.org

S.E.R Msgr Luigi Ventura,
the Apostolic Nuncio to Canada
724 Manor Avenue
Ottawa, ON
K1M OE3,
Téléphone: (613) 746-4914
Courriel: nuntius (arobas) rogers.com

| Accueil >> Sermons perdus