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Catéchisme de l'Église catholique -- §200 à §299

I. «Je crois en un seul Dieu»

§200
C'est avec ces paroles que commence le Symbole de Nicée-Constantinople. La confession de l'Unicité de Dieu, qui a sa racine dans la Révélation Divine dans l'Ancienne Alliance, est inséparable de celle de l'existence de Dieu et tout aussi fondamentale. Dieu est Unique: il n'y a qu'un seul Dieu: «La foi chrétienne confesse qu'il y a un seul Dieu, par nature, par substance et par essence» (Catech. R. 1, 2, 8).

§201
A Israël, son élu, Dieu S'est révélé comme l'Unique: «Écoute, Israël! Le Seigneur notre Dieu est le Seigneur Un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de tout ton être, de toute ta force» (Dt 6, 4-5). Par les prophètes, Dieu appelle Israël et toutes les nations à se tourner vers Lui, l'Unique: «Tournez-vous vers Moi et vous serez sauvés, tous les confins de la terre, car Je suis Dieu, il n'y en a pas d'autre (...). Oui, devant Moi tout genou fléchira, par Moi jurera toute langue en disant: en Dieu seul sont la justice et la force» (Is 45, 22-24; cf. Ph 2, 10-11).

§202
Jésus Lui-même confirme que Dieu est «l'unique Seigneur» et qu'il faut L'aimer «de tout son coeur, de toute son âme, de tout son esprit et de toutes ses forces» (cf. Mc 12, 29-30). Il laisse en même temps entendre qu'Il est Lui-même «le Seigneur» (cf. Mc 12, 35-37). Confesser que «Jésus est Seigneur» est le propre de la foi chrétienne. Cela n'est pas contraire à la foi en Dieu l'Unique. Croire en l'Esprit Saint «qui est Seigneur et qui donne la Vie» n'introduit aucune division dans le Dieu unique:

Nous croyons fermement et nous affirmons simplement, qu'il y a un seul vrai Dieu, immense et immuable, incompréhensible, Tout-Puissant et ineffable, Père et Fils et Saint Esprit: Trois Personnes, mais une Essence, une Substance ou Nature absolument simple (Cc. Latran IV: DS 800).

II. Dieu révèle son nom

§203
A son peuple Israël Dieu s'est révélé en lui faisant connaître son nom. Le nom exprime l'essence, l'identité de la personne et le sens de sa vie. Dieu a un nom. Il n'est pas une force anonyme. Livrer son nom, c'est se faire connaître aux autres; c'est en quelque sorte se livrer soi-même en se rendant accessible, capable d'être connu plus intimement et d'être appelé, personnellement.

§204
Dieu s'est révélé progressivement et sous divers noms à son peuple, mais c'est la révélation du nom divin faite à Moïse dans la théophanie du buisson ardent, au seuil de l'Exode et de l'alliance du Sinaï qui s'est avérée être la révélation fondamentale pour l'Ancienne et la Nouvelle Alliance.

Le Dieu vivant

§205
Dieu appelle Moïse du milieu d'un buisson qui brûle sans se consumer. Dieu dit à Moïse: «Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob» (Ex 3, 6). Dieu est le Dieu des pères, Celui qui avait appelé et guidé les patriarches dans leurs pérégrinations. Il est le Dieu fidèle et compatissant qui se souvient d'eux et de Ses promesses; Il vient pour libérer leurs descendants de l'esclavage. Il est le Dieu qui par delà l'espace et le temps le peut et le veux et qui mettra Sa Toute Puissance en oeuvre pour ce dessein.

«Je suis Celui qui suis»

Moïse dit à Dieu: «Voici, je vais trouver les Israélites et je leur dis: 'Le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous'. Mais s'ils me disent: 'quel est son nom?', que leur dirai-je?» Dieu dit à Moïse: «Je Suis Celui qui Suis». Et il dit: «Voici ce que tu diras aux Israélites: 'Je suis' m'a envoyé vers vous. (...) C'est mon nom pour toujours, c'est ainsi que l'on m'invoquera de génération en génération» (Ex 3, 13-15).

§206
En révélant Son nom mystérieux de YHWH, «Je Suis Celui qui Est» ou «Je Suis Celui qui Suis» ou aussi «Je Suis qui Je Suis», Dieu dit Qui Il est et de quel nom on doit L'appeler. Ce nom Divin est mystérieux comme Dieu est mystère. Il est tout à la fois un nom révélé et comme le refus d'un nom, et c'est par là même qu'il exprime le mieux Dieu comme ce qu'Il est, infiniment au-dessus de tout ce que nous pouvons comprendre ou dire: Il est le «Dieu caché» (Is 45, 15), son nom est ineffable (cf. Jg 13, 18), et Il est le Dieu qui Se fait proche des hommes:

§207
En révélant son nom, Dieu révèle en même temps sa fidélité qui est de toujours et pour toujours, valable pour le passé («Je suis le Dieu de tes pères», Ex 3, 6), comme pour l'avenir: («Je serai avec toi», Ex 3,12). Dieu qui révèle son nom comme «Je suis» se révèle comme le Dieu qui est toujours là, présent auprès de son peuple pour le sauver.

§208
Devant la présence attirante et mystérieuse de Dieu, l'homme découvre sa petitesse. Devant le buisson ardent, Moïse ôte ses sandales et se voile le visage (cf. Ex 3, 5-6) face à la Sainteté Divine. Devant la gloire du Dieu trois fois saint, Isaïe s'écrie: «Malheur à moi, je suis perdu! Car je suis un homme aux lèvres impures» (Is 6, 5). Devant les signes divins que Jésus accomplit, Pierre s'écrie: «Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur» (Lc 5, 8). Mais parce que Dieu est saint, Il peut pardonner à l'homme qui se découvre pécheur devant lui: «Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère (...) car je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je suis le Saint» (Os 10, 9). L'apôtre Jean dira de même: «Devant Lui nous apaiseront notre coeur, si notre coeur venait à nous condamner, car Dieu est plus grand que notre coeur, et Il connaît tout» (1 Jn 3, 19-20).

§209
Par respect pour sa sainteté, le peuple d'Israël ne prononce pas le nom de Dieu. Dans la lecture de l'Écriture Sainte le nom révélé est remplacé par le titre divin «Seigneur» (Adonaï, en grec Kyrios). C'est sous ce titre que sera acclamée la Divinité de Jésus: «Jésus est Seigneur».

«Dieu de tendresse et de pitié»

§210
Après le péché d'Israël, qui s'est détourné de Dieu pour adorer le veau d'or (cf. Ex 32), Dieu écoute l'intercession de Moïse et accepte de marcher au milieu d'un peuple infidèle, manifestant ainsi son amour (cf. Ex 33, 12-17). A Moïse qui demande de voir Sa gloire, Dieu répond: «Je ferai passer devant toi toute ma bonté [beauté] et je prononcerai devant toi le nom de YHWH» (Ex 33, 18-19). Et le Seigneur passe devant Moïse et proclame: «YHWH, YHWH, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité» (Ex 34, 5-6). Moïse confesse alors que le Seigneur est un Dieu qui pardonne (cf. Ex 34, 9).

§211
Le nom divin «Je suis» ou «Il est» exprime la fidélité de Dieu qui, malgré l'infidélité du péché des hommes et du châtiment qu'il mérite, «garde sa grâce à des milliers» (Ex 34, 7). Dieu révèle qu'Il est «riche en miséricorde» (Ep 2, 4) en allant jusqu'à donner son propre Fils. En donnant sa vie pour nous libérer du péché, Jésus révélera qu'Il porte Lui-même le nom divin: «quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous saurez que 'Je suis'» (Jn 8, 28).

Dieu seul EST

§212
Au cours des siècles, la foi d'Israël a pu déployer et approfondir les richesses contenues dans la révélation du nom divin. Dieu est unique, hormis Lui pas de dieux (cf. Is 44, 6). Il transcende le monde et l'histoire. C'est Lui qui a fait le ciel et la terre: «Eux périssent, Toi tu restes; tous, comme un vêtement ils s'usent (...) mais Toi, le même, sans fin sont tes années» (Ps 102, 27-28). En Lui «n'existe aucun changement, ni l'ombre d'une variation» (Jc 1, 17). Il est «Celui qui est», depuis toujours et pour toujours, et c'est ainsi qu'Il demeure toujours fidèle à Lui-même et à ses promesses.

§213
La révélation du nom ineffable «Je suis celui qui suis» contient donc la vérité que Dieu seul EST. C'est en ce sens que déjà la traduction des Septante et à sa suite la Tradition de l'Église, ont compris le nom divin: Dieu est la plénitude de l'Être et de toute perfection, sans origine et sans fin. Alors que toutes les créatures ont reçu de Lui tout leur être et leur avoir, Lui seul est son être même et Il est de Lui-même tout ce qu'Il est.

III. Dieu , «Celui qui est», est Vérité et Amour

§214
Dieu, «Celui qui est», s'est révélé à Israël comme Celui qui est «riche en grâce et en fidélité» (Ex 34, 6). Ces deux termes expriment de façon condensée les richesses du nom divin. Dans toutes ses oeuvres Dieu montre sa bienveillance, sa bonté, sa grâce, son amour; mais aussi sa fiabilité, sa constance, sa fidélité, sa vérité. «Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité» (Ps 138, 2; cf. Ps 85, 11). Il est la Vérité, car «Dieu est Lumière, en Lui point de ténèbres» (1 Jn 1, 5); Il est «Amour», comme l'apôtre Jean l'enseigne (1 Jn 4, 8).

Dieu est Vérité

§215
«Vérité, le principe de ta parole! Pour l'éternité, tes justes jugements» (Ps 119, 160). «Oui, Seigneur Dieu, c'est Toi qui es Dieu, tes paroles sont vérité» (2 S 7, 28); c'est pourquoi les promesses de Dieu se réalisent toujours (cf. Dt 7, 9). Dieu est la Vérité même, ses paroles ne peuvent tromper. C'est pourquoi on peut se livrer en toute confiance à la vérité et à la fidélité de sa parole en toutes choses. Le commencement du péché et de la chute de l'homme fut un mensonge du tentateur qui induit à douter de la parole de Dieu, de sa bienveillance et de sa fidélité.

§216
La vérité de Dieu est sa sagesse qui commande tout l'ordre de la création et du gouvernement du monde (cf. Sg 13, 1-9). Dieu qui, seul, a créé le ciel et la terre (cf. Ps 115, 15), peut seul donner la connaissance véritable de toute chose créée dans sa relation à Lui (cf. Sg 7, 17-21).

§217
Dieu est vrai aussi quand Il se révèle: l'enseignement qui vient de Dieu est «une doctrine de vérité» (Ml 2, 6). Quand Il enverra son Fils dans le monde ce sera «pour rendre témoignage à la Vérité» (Jn 18, 37): «Nous savons que le Fils de Dieu est venu et qu'Il nous a donné l'intelligence afin que nous connaissions le Véritable» (1 Jn 5, 20; cf. Jn 17, 3).

Dieu est Amour

§218
Au cours de son histoire, Israël a pu découvrir que Dieu n'avait qu'une raison de s'être révélé à lui et de l'avoir choisi parmi tous les peuples pour être à lui: son amour gratuit (cf. Dt 4, 37; 7, 8; 10, 15). Et Israël de comprendre, grâce à ses prophètes, que c'est encore par amour que Dieu n'a cessé de le sauver (cf. Is 43, 1-7) et de lui pardonner son infidélité et ses péchés (cf. Os 2).

§219
L'amour de Dieu pour Israël est comparé à l'amour d'un père pour son fils (Os 11, 1). Cet amour est plus fort que l'amour d'une mère pour ses enfants (cf. Is 49, 14-15). Dieu aime son Peuple plus qu'un époux sa bien-aimée (cf. Is 62, 4-5); cet amour sera vainqueur même des pires infidélités (cf. Ez 16; Os 11); il ira jusqu'au don le plus précieux: «Dieu a tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique» (Jn 3, 16).

§220
L'amour de Dieu est «éternel» (Is 54, 8): «Car les montagnes peuvent s'en aller et les collines s'ébranler, mais mon amour pour toi ne s'en ira pas» (Is 54, 10). «D'un amour éternel, je t'ai aimé; c'est pourquoi je t'ai conservé ma faveur» (Jr 31, 3).

§221
S. Jean va encore plus loin lorsqu'il atteste: «Dieu est Amour» (1 Jn 4, 8. 16): l'Être même de Dieu est Amour. En envoyant dans la plénitude des temps son Fils unique et l'Esprit d'Amour, Dieu révèle son secret le plus intime (cf. 1 Co 2, 7-16; Ep 3, 9-12): Il est Lui-même éternellement échange d'amour: Père, Fils et Esprit Saint, et Il nous a destinés à y avoir part.

IV. La portée de la foi en Dieu Unique

§222
Croire en Dieu, l'Unique, et L'aimer de tout son être a des conséquences immenses pour toute notre vie:

§223
C'est connaître la grandeur et la majesté de Dieu: «Oui, Dieu est si grand qu'Il dépasse notre science» (Jb 36, 26). C'est pour cela que Dieu doit être «premier servi» (Ste Jeanne d'Arc, dictum).

§224
C'est vivre en action de grâce: si Dieu est l'Unique, tout ce que nous sommes et tout ce que nous possédons vient de Lui: «Qu'as-tu que tu n'aies reçu?» (1 Co 4, 7). «Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'Il m'a fait?» (Ps 116, 12).

§225
C'est connaître l'unité et la vraie dignité de tous les hommes: tous, ils sont faits «à l'image et à la ressemblance de Dieu» (Gn 1, 26).

§226
C'est bien user des choses créées: la foi en Dieu l'Unique nous amène à user de tout ce qui n'est pas Lui dans la mesure où cela nous rapproche de Lui, et à nous en détacher dans la mesure où cela nous détourne de Lui (cf. Mt 5, 29-30; 16, 24; 19, 23-24):

Mon Seigneur et mon Dieu, prends-moi tout ce qui m'éloigne de Toi. Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de Toi. Mon Seigneur et mon Dieu, détache-moi de moi-même pour me donner tout à Toi (S. Nicolas de Flüe, prière).

§227
C'est faire confiance à Dieu en toute circonstance, même dans l'adversité. Une prière de Ste. Thérèse de Jésus l'exprime admirablement:

Que rien ne te trouble / Que rien ne t'effraie

Tout passe / Dieu ne change pas

La patience obtient tout / Celui qui a Dieu

Ne manque de rien / Dieu seul suffit.

(Poes. 9)

EN BREF

§228
«Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l'Unique Seigneur...» (Dt 6, 4; Mc 12, 29). «Il faut nécessairement que l'Être suprême soit unique, c'est-à-dire sans égal. (...) Si Dieu n'est pas unique, il n'est pas Dieu» (Tertullien, Marc. 1, 3).

§229
La foi en Dieu nous amène à nous tourner vers Lui seul comme vers notre première origine et notre fin ultime, et ne rien Lui préférer ou Lui substituer.

§230
Dieu, en se révélant, demeure mystère ineffable: «Si tu Le comprenais, ce ne serait pas Dieu» (S. Augustin, serm. 52, 6, 16 : PL 38, 360).

§231
Le Dieu de notre foi s'est révélé comme Celui qui est; Il s'est fait connaître comme «riche en grâce et en fidélité» (Ex 34, 6). Son Être même est Vérité et Amour.

Paragraphe 2. LE PERE

I. «Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit»

§232
Les chrétiens sont baptisés «au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit» (Mt 28, 19). Auparavant ils répondent «Je crois» à la triple interrogation qui leur demande de confesser leur foi au Père, au Fils et à l'Esprit: «La foi de tous les chrétiens repose sur la Trinité» (S. Césaire d'Arles, symb.: CCL 103, 48).

§233
Les chrétiens sont baptisés «au nom» du Père et du Fils et du Saint-Esprit et non pas «aux noms» de ceux-ci (cf. Profession de foi du pape Vigile en 552: DS 415) car il n'y a qu'un seul Dieu, le Père tout puissant et son Fils unique et l'Esprit Saint: la Très Sainte Trinité.

§234
Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en Lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de la foi; il est la lumière qui les illumine. Il est l'enseignement le plus fondamental et essentiel dans la «hiérarchie des vérités de foi» (DCG 43). «Toute l'histoire du salut n'est autre que l'histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et unique, Père, Fils et Saint-Esprit, se révèle, se réconcilie et s'unit les hommes qui se détournent du péché» (DCG 47).

§235
Dans ce paragraphe, il sera exposé brièvement de quelle manière est révélé le mystère de la Bienheureuse Trinité (I), comment l'Église a formulé la doctrine de la foi sur ce mystère (II), et enfin, comment, par les missions divines du Fils et de l'Esprit Saint, Dieu le Père réalise son «dessein bienveillant» de création, de rédemption et de sanctification (III).

§236
Les Pères de l'Église distinguent entre la Theologia et l'Oikonomia, désignant par le premier terme le mystère de la vie intime du Dieu-Trinité, par le second toutes les oeuvres de Dieu par lesquelles Il Se révèle et communique Sa vie. C'est par l'Oikonomia que nous est révélée la Theologia; mais inversement, c'est la Theologia qui éclaire toute l'Oikonomia. Les oeuvres de Dieu révèlent qui Il est en Lui-même; et inversement, le mystère de Son Être intime illumine l'intelligence de toutes Ses oeuvres. Il en est ainsi, analogiquement, entre les personnes humaines. La personne se montre dans son agir, et mieux nous connaissons une personne, mieux nous comprenons son agir.

§237
La Trinité est un mystère de foi au sens strict, un des «mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s'ils ne sont révélés d'en haut» (Cc. Vatican I: DS 3015). Dieu certes a laissé des traces de son être trinitaire dans son oeuvre de Création et dans sa Révélation au cours de l'Ancien Testament. Mais l'intimité de Son Être comme Trinité Sainte constitue un mystère inaccessible à la seule raison et même à la foi d'Israël avant l'Incarnation du Fils de Dieu et la mission du Saint Esprit .

II. La révélation de Dieu comme Trinité

Le Père révélé par le Fils

§238
L'invocation de Dieu comme «Père» est connue dans beaucoup de religions. La divinité est souvent considérée comme «père des dieux et des hommes». En Israël, Dieu est appelé Père en tant que Créateur du monde (cf. Dt 32, 6; Ml 2, 10). Dieu est Père plus encore en raison de l'alliance et du don de la Loi à Israël son «fils premier-né» (Ex 4, 22). Il est aussi appelé Père du roi d'Israël (cf. 2 S 7, 14). Il est tout spécialement «le Père des pauvres», de l'orphelin et de la veuve qui sont sous sa protection aimante (cf. Ps 68, 6).

§239
En désignant Dieu du nom de «Père», le langage de la foi indique principalement deux aspects: que Dieu est origine première de tout et autorité transcendante et qu'il est en même temps bonté et sollicitude aimante pour tous ses enfants. Cette tendresse parentale de Dieu peut aussi être exprimée par l'image de la maternité (cf. Is 66, 13; Ps 131, 2) qui indique davantage l'immanence de Dieu, l'intimité entre Dieu et Sa créature. Le langage de la foi puise ainsi dans l'expérience humaine des parents qui sont d'une certaine façon les premiers représentants de Dieu pour l'homme. Mais cette expérience dit aussi que les parents humains sont faillibles et qu'ils peuvent défigurer le visage de la paternité et de la maternité. Il convient alors de rappeler que Dieu transcende la distinction humaine des sexes. Il n'est ni vir ni femme, il est Dieu. Il transcende aussi la paternité et la maternité humaines (cf. Ps 27, 10), tout en en étant l'origine et la mesure (cf. Ep 3, 14; Is 49, 15): Personne n'est père comme l'est Dieu.

§240
Jésus a révélé que Dieu est «Père» dans un sens inouï: Il ne l'est pas seulement en tant que Créateur, Il est éternellement Père en relation à son Fils unique, qui éternellement n'est Fils qu'en relation au Père: «Nul ne connaît le Fils si ce n'est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut bien Le révéler» (Mt 11, 27).

§241
C'est pourquoi les apôtres confessent Jésus comme «le Verbe qui était au commencement auprès de Dieu et qui est Dieu» (Jn 1, 1), comme «l'image du Dieu invisible» (Col 1, 15), comme «le resplendissement de sa gloire et l'effigie de sa substance» (He 1, 3).

§242
A leur suite, suivant la tradition apostolique, l'Église a confessé en 325 au premier Concile oecuménique de Nicée que le Fils est «consubstantiel» au Père, c'est-à-dire un seul Dieu avec lui. Le deuxième Concile oecuménique, réuni à Constantinople en 381, a gardé cette expression dans sa formulation du Credo de Nicée et a confessé «le Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père» (DS 150).

Le Père et le Fils révélés par l'Esprit

§243
Avant sa Pâque, Jésus annonce l'envoi d'un «autre Paraclet» (Défenseur), l'Esprit Saint. A l'oeuvre depuis la création (cf. Gn 1, 2), ayant jadis «parlé par les prophètes» (Symbole de Nicée-Constantinople), il sera maintenant auprès des disciples et en eux (cf. Jn 14, 17), pour les enseigner (cf. Jn 14, 26) et les conduire «vers la vérité tout entière» (Jn 16, 13). L'Esprit Saint est ainsi révélé comme une autre personne divine par rapport à Jésus et au Père.

§244
L'origine éternelle de l'Esprit se révèle dans sa mission temporelle. L'Esprit Saint est envoyé aux apôtres et à l'Église aussi bien par le Père au nom du Fils, que par le Fils en personne, une fois retourné auprès du Père (cf. Jn 14, 26; 15, 26; 16, 14). L'envoi de la personne de l'Esprit après la glorification de Jésus (cf. Jn 7, 39) révèle en plénitude le mystère de la Sainte Trinité.

§245
La foi apostolique concernant l'Esprit a été confessée par le deuxième Concile oecuménique en 381 à Constantinople: «Nous croyons dans l'Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie; il procède du Père» (DS 150). L'Église reconnaît par là le Père comme «la source et l'origine de toute la divinité» (Cc. Tolède VI en 638: DS 490). L'origine éternelle de l'Esprit Saint n'est cependant pas sans lien avec celle du Fils: «L'Esprit Saint qui est la Troisième Personne de la Trinité, est Dieu, un et égale au Père et au Fils, de même substance et aussi de même nature. (...) Cependant, on ne dit pas qu'il est seulement l'Esprit du Père, mais à la fois l'Esprit du Père et du Fils» (Cc. Tolède XI en 675: DS 527). Le Credo du Concile de Constantinople de l'Église confesse: «Avec le Père et le Fils il reçoit même adoration et même gloire» (DS 150).

§246
La tradition latine du Credo confesse que l'Esprit «procède du Père et du Fils (filioque)». Le Concile de Florence, en 1438, explicite: «Le Saint Esprit tient son essence et son être à la fois du Père et du Fils et Il procède éternellement de l'Un comme de l'Autre comme d'un seul Principe et par une seule spiration... Et parce que tout ce qui est au Père, le Père Lui-même l'a donné à Son Fils unique en L'engendrant, à l'exception de son être de Père, cette procession même du Saint Esprit à partir du Fils, Il la tient éternellement de son Père qui L'a engendré éternellement» (DS 1300-1301).

§247
L'affirmation du filioquene figurait pas dans le symbole confessé en 381 à Constantinople. Mais sur la base d'une ancienne tradition latine et alexandrine, le Pape S. Léon l'avait déjà confessée dogmatiquement en 447 (cf. DS 284) avant même que Rome ne connût et ne reçût, en 451, au Concile de Chalcédoine, le symbole de 381. L'usage de cette formule dans le Credo a été peu à peu admis dans la liturgie latine (entre le VIIIe et le XIe siècle). L'introduction du filioque dans le Symbole de Nicée-Constantinople par la liturgie latine constitue cependant, aujourd'hui encore, un différend avec les Églises orthodoxes.

§248
La tradition orientale exprime d'abord le caractère d'origine première du Père par rapport à l'Esprit. En confessant l'Esprit comme «issu du Père» (Jn 15, 26), elle affirme que celui-ci est issu du Père par le Fils (cf. AG 2). La tradition occidentale exprime d'abord la communion consubstantielle entre le Père et le Fils en disant que l'Esprit procède du Père et du Fils (filioque). Elle le dit «de manière légitime et raisonnable» (Cc. Florence en 1439: DS 1302), car l'ordre éternel des personnes divines dans leur communion consubstantielle implique que le Père soit l'origine première de l'Esprit en tant que «principe sans principe» (DS 1331), mais aussi qu'en tant que Père du Fils unique, Il soit avec Lui «l'unique principe d'où procède l'Esprit Saint» (Cc. Lyon II en 1274: DS 850). Cette légitime complémentarité, si elle n'est pas durcie, n'affecte pas l'identité de la foi dans la réalité du même mystère confessé.

III. La Sainte Trinité dans la doctrine de la foi

La formation du dogme trinitaire

§249
La vérité révélée de la Sainte Trinité a été dès les origines à la racine de la foi vivante de l'Église, principalement au moyen du baptême. Elle trouve son expression dans la règle de la foi baptismale, formulée dans la prédication, la catéchèse et la prière de l'Église. De telles formulations se trouvent déjà dans les écrits apostoliques, ainsi cette salutation, reprise dans la liturgie eucharistique: «La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous» (2 Co 13, 13; cf. 1 Co 12, 4-6; Ep 4, 4-6).

§250
Au cours des premiers siècles, l'Église a cherché de formuler plus explicitement sa foi trinitaire tant pour approfondir sa propre intelligence de la foi que pour la défendre contre des erreurs qui la déformaient. Ce fut l'oeuvre des Conciles anciens, aidés par le travail théologique des Pères de l'Église et soutenus par le sens de la foi du peuple chrétien.

§251
Pour la formulation du dogme de la Trinité, l'Église a dû développer une terminologie propre à l'aide de notions d'origine philosophique: «substance», «personne» ou «hypostase», «relation», etc. Ce faisant, elle n'a pas soumis la foi à une sagesse humaine mais a donné un sens nouveau, inouï à ces termes appelés à signifier désormais aussi un mystère ineffable, «infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir à la mesure humaine» (SPF 9).

§252
L'Église utilise le terme «substance» (rendu aussi parfois par «essence» ou par «nature») pour désigner l'être divin dans son unité, le terme «personne» ou «hypostase» pour désigner le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans leur distinction réelle entre eux, le terme «relation» pour désigner le fait que leur distinction réside dans la référence des uns aux autres.

Le dogme de la Sainte Trinité

§253
La Trinité est Une. Nous ne confessons pas trois dieux, mais un seul Dieu en trois personnes: «la Trinité consubstantielle» (Cc. Constantinople II en 553: DS 421). Les personnes divines ne se partagent pas l'unique divinité mais chacune d'elles est Dieu tout entier: «Le Père est cela même qu'est le Fils, le Fils cela même qu'est le Père, le Père et le Fils cela même qu'est le Saint-Esprit, c'est-à-dire un seul Dieu par nature» (Cc. Tolède XI en 675: DS 530). «Chacune des trois personnes est cette réalité, c'est-à-dire la substance, l'essence ou la nature divine» (Cc. Latran IV en 1215: DS 804).

§254
Les personnes divines sont réellement distinctes entre elles. «Dieu est unique mais non pas solitaire» (Fides Damasi: DS 71). «Père», «Fils», «Esprit Saint» ne sont pas simplement des noms désignant des modalités de l'être divin, car ils sont réellement distincts entre eux: «Celui qui est le Fils n'est pas le Père, et celui qui est le Père n'est pas le Fils, ni le Saint-Esprit n'est celui qui est le Père ou le Fils» (Cc. Tolède XI en 675: DS 530). Ils sont distincts entre eux par leurs relations d'origine: «C'est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le Saint-Esprit qui procède» (Cc. Latran IV en 1215: DS 804). L'Unité divine est Trine.

§255
Les personnes divines sont relatives les unes aux autres. Parce qu'elle ne divise pas l'unité divine, la distinction réelle des personnes entre elles réside uniquement dans les relations qui les réfèrent les unes aux autres: «Dans les noms relatifs des personnes, le Père est référé au Fils, le Fils au Père, le Saint-Esprit aux deux; quand on parle de ces trois personnes en considérant les relations, on croit cependant en une seule nature ou substance» (Cc. Tolède XI en 675: DS 528). En effet, «tout est un [en eux] là où l'on ne rencontre pas l'opposition de relation» (Cc. Florence en 1442: DS 1330). «A cause de cette unité, le Père est tout entier dans le Fils, tout entier dans le Saint-Esprit; le Fils est tout entier dans le Père, tout entier dans le Saint-Esprit; le Saint-Esprit tout entier dans le Père, tout entier dans le Fils» (Cc. Florence en 1442: DS 1331).

§256
Aux Catéchumènes de Constantinople, S. Grégoire de Nazianze, que l'on appelle aussi «le Théologien», confie ce résumé de la foi trinitaire:

Avant toutes choses, gardez-moi ce bon dépôt, pour lequel je vis et je combats, avec lequel je veux mourir, qui me fait supporter tous les maux et mépriser tous les plaisirs: je veux dire la profession de foi en le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Je vous la confie aujourd'hui. C'est par elle que je vais tout à l'heure vous plonger dans l'eau et vous en élever. Je vous la donne pour compagne et patronne de toute votre vie. Je vous donne une seule Divinité et Puissance, existant Une dans les Trois, et contenant les Trois d'une manière distincte. Divinité sans disparate de substance ou de nature, sans degré supérieur qui élève ou degré inférieur qui abaisse. (...) C'est de trois infinis l'infinie connaturalité. Dieu tout entier chacun considéré en soi-même (...), Dieu les Trois considérés ensemble (...). Je n'ai pas commencé de penser à l'Unité que la Trinité me baigne dans sa splendeur. Je n'ai pas commencé de penser à la Trinité que l'unité me ressaisit ... (or. 40, 41: PG 36, 417).

IV. Les oeuvres divines et les missions trinitaires

§257
«O Trinité lumière bienheureuse, O primordiale unité» (LH, hymne «O lux beata Trinitas» de vêpres)! Dieu est éternelle béatitude, vie immortelle, lumière sans déclin. Dieu est amour: Père, Fils et Esprit Saint. Librement Dieu veut communiquer la gloire de sa vie bienheureuse. Tel est le «dessein bienveillant» (Ep 1, 9) qu'il a conçu dès avant la création du monde en son Fils bien-aimé, «nous prédestinant à l'adoption filiale en celui-ci» (Ep 1, 4-5), c'est-à-dire «à reproduire l'image de Son Fils» (Rm 8, 29) grâce à «l'Esprit d'adoption filiale» (Rm 8, 15). Ce dessein est une «grâce donnée avant tous les siècles» (2 Tm 1, 9-10), issue immédiatement de l'amour trinitaire. Il se déploie dans l'oeuvre de la création, dans toute l'histoire du salut après la chute, dans les missions du Fils et de l'Esprit, que prolonge la mission de l'Église (cf. AG 2-9).

§258
Toute l'économie divine est l'oeuvre commune des trois personnes divines. Car de même qu'elle n'a qu'une seule et même nature, la Trinité n'a qu'une seule et même opération (cf. Cc Constantinople II en 553: DS 421). «Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas trois principes des créatures mais un seul principe» (Cc. Florence en 1442: DS 1331). Cependant, chaque personne divine opère l'oeuvre commune selon sa propriété personnelle. Ainsi l'Église confesse à la suite du Nouveau Testament (cf. 1 Co 8, 6): «un Dieu et Père de qui sont toutes choses, un Seigneur Jésus-Christ pour qui sont toutes choses, un Esprit Saint en qui sont toutes choses» (Cc. Constantinople II: DS 421). Ce sont surtout les missions divines de l'Incarnation du Fils et du don du Saint-Esprit qui manifestent les propriétés des personnes divines.

§259
Oeuvre à la fois commune et personnelle, toute l'économie divine fait connaître et la propriété des personnes divines et leur unique nature. Aussi, toute la vie chrétienne est communion avec chacune des personnes divines, sans aucunement les séparer. Celui qui rend gloire au Père le fait par le Fils dans l'Esprit Saint; celui qui suit le Christ, le fait parce que le Père l'attire (cf. Jn 6, 44) et que l'Esprit le meut (cf. Rm 8, 14).

§260
La fin ultime de toute l'économie divine, c'est l'entrée des créatures dans l'unité parfaite de la Bienheureuse Trinité (cf. Jn 17, 21-23). Mais dès maintenant nous sommes appelés à être habités par la Très Sainte Trinité: «Si quelqu'un m'aime, dit le Seigneur, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure» (Jn 14, 23):

O mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en Vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité; que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de Vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre mystère! Pacifiez mon âme. Faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne Vous y laisse jamais seul, mais que je sois là, toute entière, toute éveillée en ma foi, toute adorante, toute livrée à votre action créatrice (Prière de la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité).

EN BREF

§261
Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Dieu seul peut nous en donner la connaissance en Se révélant comme Père, Fils et Saint-Esprit.

§262
L'Incarnation du Fils de Dieu révèle que Dieu est le Père éternel, et que le Fils est consubstantiel au Père, c'est-à-dire qu'il est en lui et avec lui le même Dieu unique.

§263
La mission du Saint-Esprit, envoyé par le Père au nom du Fils (cf. Jn 14, 26) et par le Fils «d'auprès du Père» (Jn 15, 26) révèle qu'il est avec eux le même Dieu unique. «Avec le Père et le Fils il reçoit même adoration et même gloire».

§264
«Le Saint-Esprit procède du Père en tant que source première et, par le don éternel de celui-ci au Fils, du Père et du Fils en communion» (S. Augustin, Trin. 15, 26, 47).

§265
Par la grâce du baptême «au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit», nous sommes appelés à partager la vie de la Bienheureuse Trinité, ici-bas dans l'obscurité de la foi, et au-delà de la mort, dans la lumière éternelle (cf. SPF 9).

§266
«La foi catholique consiste en ceci: vénérer un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l'Unité, sans confondre les personnes, sans diviser la substance: car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle de l'Esprit Saint; mais du Père, du Fils et de l'Esprit Saint une est la divinité, égale la gloire, coéternelle la majesté» (Symbolum «Quicumque» (DS 75).

§267
Inséparables dans ce qu'elles sont, les personnes divines sont aussi inséparables dans ce qu'elles font. Mais dans l'unique opération divine chacune manifeste ce qui lui est propre dans la Trinité, surtout dans les missions divines de l'Incarnation du Fils et du don du Saint-Esprit.

Paragraphe 3. LE TOUT-PUISSANT

§268
De tous les attributs divins, seule la Toute-Puissance de Dieu est nommée dans le Symbole: la confesser est d'une grande portée pour notre vie. Nous croyons qu'elle est universelle, car Dieu qui a tout créé (cf. Gn 1, 1; Jn 1, 3), régit tout et peut tout; aimante, car Dieu est notre Père (cf. Mt 6, 9); mystérieuse, car seule la foi peut la discerner lorsqu' «elle se déploie dans la faiblesse» (2 Co 12, 9; cf. 1 Co 1, 18).

«Tout ce qu'Il veut, Il le fait» (Ps 115, 3)

§269
Les Saintes Écritures confessent à maintes reprises la puissance universelle de Dieu. Il est appelé «Le Puissant de Jacob» (Gn 49, 24; Is 1, 24 e.a.), «le Seigneur des armées», «le Fort, le Vaillant» (Ps 24, 8-10). Si Dieu est Tout-Puissant «au ciel et sur la terre» (Ps 135, 6), c'est qu'il les a faits. Rien ne lui est donc impossible (cf. Jr 32, 17; Lc 1, 37) et il dispose à son gré de son oeuvre (cf. Jr 27, 5); il est le Seigneur de l'univers dont il a établi l'ordre qui lui demeure entièrement soumis et disponible; il est le Maître de l'histoire: il gouverne les coeurs et les événements selon son gré (cf. Est 4, 17b; Pr 21, 1; Tb 13, 2): «Ta grande puissance est toujours à ton service, et qui peut résister à la force de ton bras?» (Sg 11, 21).

«Tu as pitié de tous, parce que Tu peux tout» (Sg 11, 23)

§270
Dieu est le Père Tout-Puissant. Sa paternité et sa puissance s'éclairent mutuellement. En effet, il montre sa Toute-Puissance paternelle par la manière dont Il prend soin de nos besoins (cf. Mt 6, 32); par l'adoption filiale qu'il nous donne («Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur Tout-Puissant «: 2 Co 6, 18); enfin par sa miséricorde infinie, puisqu'il montre sa puissance au plus haut point en pardonnant librement les péchés.

§271
La Toute-Puissance divine n'est nullement arbitraire: «En Dieu la puissance et l'essence, la volonté et l'intelligence, la sagesse et la justice sont une seule et même chose, de sorte que rien ne peut être dans la puissance divine qui ne puisse être dans la juste volonté de Dieu ou dans sa sage intelligence» (S. Thomas d'A., s. th. 1, 25, 5, ad 1).

Le mystère de l'apparente impuissance de Dieu

§272
La foi en Dieu le Père Tout-Puissant peut-être mise à l'épreuve par l'expérience du mal et de la souffrance. Parfois Dieu peut sembler absent et incapable d'empêcher le mal. Or, Dieu le Père a révélé sa Toute-Puissance de la façon la plus mystérieuse dans l'abaissement volontaire et dans la Résurrection de son Fils, par lesquels Il a vaincu le mal. Ainsi, le Christ crucifié est «puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes» (1 Co 1, 24-25). C'est dans la Résurrection et dans l'exaltation du Christ que le Père a «déployé la vigueur de sa force» et manifesté «quelle extraordinaire grandeur revêt sa puissance pour nous les croyants» (Ep 1, 19-22).

§273
Seule la foi peut adhérer aux voies mystérieuses de la Toute-Puissance de Dieu. Cette foi se glorifie de ses faiblesses afin d'attirer sur elle la puissance du Christ (cf. 2 Co 12, 9; Ph 4, 13). De cette foi, la Vierge Marie est le suprême modèle, elle qui a cru que «rien n'est impossible à Dieu» (Lc 1, 37) et qui a pu magnifier le Seigneur: «Le Puissant fit pour moi des merveilles, saint est son nom» (Lc 1, 49).

§274
«Rien n'est donc plus propre à affermir notre Foi et notre Espérance que la conviction profondément gravée dans nos âmes que rien n'est impossible à Dieu. Car tout ce que [le Credo] nous proposera ensuite à croire, les choses les plus grandes, les plus incompréhensibles, aussi bien que les plus élevées au-dessus des lois ordinaires de la nature, dès que notre raison aura seulement l'idée de la Toute-Puissance divine, elle les admettra facilement et sans hésitation aucune» (Catech. R. 1, 2, 13).

EN BREF

§275
Avec Job, le juste, nous confessons: «Je sais que Tu es Tout-Puissant: ce que Tu conçois, Tu peux le réaliser» (Jb 42, 2).

§276
Fidèle au témoignage de l'Écriture, l'Église adresse souvent sa prière au «Dieu Tout-Puissant et éternel» («omnipotens sempiterne Deus...»), croyant fermement que «rien n'est impossible à Dieu» (Lc 1, 37; cf. Gn 18, 14; Mt 19, 26).

§277
Dieu manifeste sa Toute-Puissance en nous convertissant de nos péchés et en nous rétablissant dans son amitié par la grâce: «Dieu, qui donnes la preuve suprême de ta puissance, lorsque tu patientes et prends pitié... «(MR, collecte du 26e dimanche).

§278
A moins de croire que l'amour de Dieu est Tout-Puissant, comment croire que le Père a pu nous créer, le Fils nous racheter, l'Esprit Saint nous sanctifier?

§279
«Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1, 1). C'est avec ces paroles solennelles que commence l'Écriture Sainte. Le Symbole de la foi reprend ces paroles en confessant Dieu le Père Tout-puissant comme «le Créateur du ciel et de la terre», «de l'univers visible et invisible». Nous parlerons donc d'abord du Créateur, ensuite de sa création, enfin de la chute du péché dont Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est venu nous relever.

§280
La création est le fondement de «tous les desseins salvifiques de Dieu», «le commencement de l'histoire du salut» (DCG 51) qui culmine dans le Christ. Inversement, le mystère du Christ est la lumière décisive sur le mystère de la création; il révèle la fin en vue de laquelle, «au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1, 1): dès le commencement, Dieu avait en vue la gloire de la nouvelle création dans le Christ (cf. Rm 8, 18-23).

§281
C'est pour cela que les lectures de la Nuit Pascale, célébration de la création nouvelle dans le Christ, commencent par le récit de la création; de même, dans la liturgie byzantine, le récit de la création constitue toujours la première lecture des vigiles des grandes fêtes du Seigneur. Selon le témoignage des anciens, l'instruction des catéchumènes pour le baptême suit le même chemin (cf. Ethérie, pereg. 46: PLS 1, 1089-1090; S. Augustin, catech. 3, 5).

I. La catéchèse sur la Création

§282
La catéchèse sur la Création revêt une importance capitale. Elle concerne les fondements mêmes de la vie humaine et chrétienne: car elle explicite la réponse de la foi chrétienne à la question élémentaire que les hommes de tous les temps se sont posée: «D'où venons-nous?» «Où allons-nous?» «Quelle est notre origine?» «Quelle est notre fin?» «D'où vient et où va tout ce qui existe?» Les deux questions, celle de l'origine et celle de la fin, sont inséparables. Elles sont décisives pour le sens et l'orientation de notre vie et de notre agir.

§283
La question des origines du monde et de l'homme fait l'objet de nombreuses recherches scientifiques qui ont magnifiquement enrichi nos connaissances sur l'âge et les dimensions du cosmos, le devenir des formes vivantes, l'apparition de l'homme. Ces découvertes nous invitent à admirer d'autant plus la grandeur du Créateur, de lui rendre grâce pour toutes ses oeuvres et pour l'intelligence et la sagesse qu'il donne aux savants et aux chercheurs. Avec Salomon, ceux-ci peuvent dire: «C'est Lui qui m'a donné la science vraie de ce qui est, qui m'a fait connaître la structure du monde et les propriétés des éléments (...) car c'est l'ouvrière de toutes choses qui m'a instruit, la Sagesse» (Sg 7, 17-21).

§284
Le grand intérêt réservé à ces recherches est fortement stimulé par une question d'un autre ordre, et qui dépasse le domaine propre des sciences naturelles. Il ne s'agit pas seulement de savoir quand et comment a surgi matériellement le cosmos, ni quand l'homme est apparu, mais plutôt de découvrir quel est le sens d'une telle origine: si elle est gouvernée par le hasard, un destin aveugle, une nécessité anonyme, ou bien par un Être transcendant, intelligent et bon, appelé Dieu. Et si le monde provient de la sagesse et de la bonté de Dieu, pourquoi le mal? D'où vient-il? Qui en est responsable? Et y en a-t-il une libération?

§285
Depuis ses débuts, la foi chrétienne a été confrontée à des réponses différentes de la sienne sur la question des origines. Ainsi, on trouve dans les religions et les cultures anciennes de nombreux mythes concernant les origines. Certains philosophes ont dit que tout est Dieu, que le monde est Dieu, ou que le devenir du monde est le devenir de Dieu (panthéisme); d'autres ont dit que le monde est une émanation nécessaire de Dieu, s'écoulant de cette source et retournant vers elle; d'autres encore ont affirmé l'existence de deux principes éternels, le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres, en lutte permanente (dualisme, manichéisme); selon certaines de ces conceptions, le monde (au moins le monde matériel) serait mauvais, produit d'une déchéance, et donc à rejeter ou à dépasser (gnose); d'autres admettent que le monde ait été fait par Dieu, mais à la manière d'un horloger qui l'aurait, une fois fait, abandonné à lui-même (déisme); d'autres enfin n'acceptent aucune origine transcendante du monde, mais y voient le pur jeu d'une matière qui aurait toujours existé (matérialisme). Toutes ces tentatives témoignent de la permanence et de l'universalité de la question des origines. Cette quête est propre à l'homme.

§286
L'intelligence humaine peut, certes, déjà trouver une réponse à la question des origines. En effet, l'existence de Dieu le Créateur peut être connue avec certitude par ses oeuvres grâce à la lumière de la raison humaine (cf. DS 3026), même si cette connaissance est souvent obscurcie et défigurée par l'erreur. C'est pourquoi la foi vient confirmer et éclairer la raison dans la juste intelligence de cette vérité: «Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, de sorte que ce que l'on voit provient de ce qui n'est pas apparent» (He 11, 3).

§287
La vérité de la création est si importante pour toute la vie humaine que Dieu, dans sa tendresse, a voulu révéler à son Peuple tout ce qui est salutaire à connaître à ce sujet. Au-delà de la connaissance naturelle que tout homme peut avoir du Créateur (cf. Ac 17, 24-29; Rm 1, 19-20), Dieu a progressivement révélé à Israël le mystère de la création. Lui qui a choisi les patriarches, qui a fait sortir Israël d'Égypte, et qui, en élisant Israël, l'a créé et formé (cf. Is 43, 1), il se révèle comme celui à qui appartiennent tous les peuples de la terre, et la terre entière, comme celui qui, seul, «a fait le ciel et la terre» (Ps 115, 15; 124, 8; 134, 3).

§288
Ainsi, la révélation de la création est inséparable de la révélation et de la réalisation de l'alliance de Dieu, l'Unique, avec son Peuple. La création est révélée comme le premier pas vers cette alliance, comme le premier et universel témoignage de l'amour Tout-Puissant de Dieu (cf. Gn 15, 5; Jr 33, 19-26). Aussi, la vérité de la création s'exprime-t-elle avec une vigueur croissante dans le message des prophètes (cf. Is 44, 24), dans la prière des psaumes (cf. Ps 104) et de la liturgie, dans la réflexion de la sagesse (cf. Pr 8, 22-31) du Peuple élu.

§289
Parmi toutes les paroles de l'Écriture Sainte sur la création, les trois premiers chapitres de la Genèse tiennent une place unique. Du point de vue littéraire ces textes peuvent avoir diverses sources. Les auteurs inspirés les ont placés au commencement de l'Écriture de sorte qu'ils expriment, dans leur langage solennel, les vérités de la création, de son origine et de sa fin en Dieu, de son ordre et de sa bonté, de la vocation de l'homme, enfin du drame du péché et de l'espérance du salut. Lues à la lumière du Christ, dans l'unité de l'Écriture Sainte et dans la Tradition vivante de l'Église, ces paroles demeurent la source principale pour la catéchèse des mystères du «commencement «: création, chute, promesse du salut.

II. La création -- oeuvre de la Sainte Trinité

§290
«Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Gn 1, 1): trois choses sont affirmées dans ces premières paroles de l'Écriture: le Dieu éternel a posé un commencement à tout ce qui existe en dehors de lui. Lui seul est créateur (le verbe «créer» -- en hébreu bara -- a toujours pour sujet Dieu). La totalité de ce qui existe (exprimé par la formule «le ciel et la terre») dépend de Celui qui lui donne d'être.

§291
«Au commencement était le Verbe (...) et le Verbe était Dieu. (...) Tout a été fait par lui et sans lui rien n'a été fait» (Jn 1, 1-3). Le Nouveau Testament révèle que Dieu a tout créé par le Verbe Éternel, son Fils bien-aimé. C'est en lui «qu'ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre (...) tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose et tout subsiste en lui» (Col 1, 16-17). La foi de l'Église affirme de même l'action créatrice de l'Esprit Saint: il est le «donateur de vie» (Symbole de Nicée-Constantinople), «l'Esprit Créateur» («Veni, Creator Spiritus»), la «Source de tout bien» (Liturgie byzantine, Tropaire des vêpres de Pentecôte).

§292
Insinuée dans l'Ancien Testament (cf. Ps 33, 6; 104, 30; Gn 1, 2-3), révélée dans la Nouvelle Alliance, l'action créatrice du Fils et de l'Esprit, inséparablement une avec celle du Père, est clairement affirmée par la règle de foi de l'Église: «Il n'existe qu'un seul Dieu (...): il est le Père, il est Dieu, il est le Créateur, il est l'Auteur, il est l'Ordonnateur. Il a fait toutes choses par lui-même, c'est-à-dire par son Verbe et par sa Sagesse» (S. Irénée, haer. 2, 30, 9), «par le Fils et l'Esprit» qui sont comme «ses mains» (ibid., 4, 20, 1). La création est l'oeuvre commune de la Sainte Trinité.

III. «Le monde a été créé pour la gloire de Dieu»

§293
C'est une vérité fondamentale que l'Écriture et la Tradition ne cessent d'enseigner et de célébrer: «Le monde a été créé pour la gloire de Dieu» (Cc. Vatican I: DS 3025). Dieu a créé toutes choses, explique S. Bonaventure, «non pour accroître la Gloire, mais pour manifester et communiquer cette gloire» (sent. 2, 1, 2, 2, 1). Car Dieu n'a pas d'autre raison pour créer que son amour et sa bonté: «C'est la clef de l'amour qui a ouvert sa main pour produire les créatures» (S. Thomas d'A., sent. 2, prol.) Et le premier Concile du Vatican explique:

Dans sa bonté et par sa force toute-puissante, non pour augmenter sa béatitude, ni pour acquérir sa perfection, mais pour la manifester par les biens qu'il accorde à ses créatures, ce seul vrai Dieu a, dans le plus libre dessein, tout ensemble, dès le commencement du temps, créé de rien l'une et l'autre créature, la spirituelle et la corporelle (DS 3002).

§294
La gloire de Dieu c'est que se réalise cette manifestation et cette communication de sa bonté en vue desquelles le monde a été créé. Faire de nous «des fils adoptifs par Jésus-Christ: tel fut le dessein bienveillant de Sa volonté à la louange de gloire de sa grâce» (Ep 1, 5-6): «Car la gloire de Dieu, c'est l'homme vivant, et la vie de l'homme, c'est la vision de Dieu: si déjà la révélation de Dieu par la création procura la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu» (S. Irénée, haer. 4, 20, 7). La fin ultime de la création, c'est que Dieu, «qui est le Créateur de tous les êtres, devienne enfin 'tout en tous' (1 Co 15, 28), en procurant à la fois sa gloire et notre béatitude» (AG 2).

IV. Le mystère de la création

Dieu crée par sagesse et par amour

§295
Nous croyons que Dieu a créé le monde selon sa sagesse (cf. Sg 9, 9). Il n'est pas le produit d'une nécessité quelconque, d'un destin aveugle ou du hasard. Nous croyons qu'il procède de la volonté libre de Dieu qui a voulu faire participer les créatures à son être, sa sagesse et sa bonté: «Car c'est toi qui créas toutes choses; tu as voulu qu'elles soient, et elles furent créées» (Ap 4, 11). «Que tes oeuvres sont nombreuses, Seigneur! Toutes avec sagesse tu les fis» (Ps 104, 24). «Le Seigneur est bonté envers tous, ses tendresses vont à toutes ses oeuvres» (Ps 145, 9).

Dieu crée «de rien»

§296
Nous croyons que Dieu n'a besoin de rien de préexistant ni d'aucune aide pour créer (cf. Cc. Vatican I: DS 3022). La création n'est pas non plus une émanation nécessaire de la substance divine (cf. Cc. Vatican I: DS 3023-3024). Dieu crée librement «de rien» (DS 800; 3025):

Quoi d'extraordinaire si Dieu avait tiré le monde d'une matière préexistante? Un artisan humain, quand on lui donne un matériau, en fait tout ce qu'il veut. Tandis que la puissance de Dieu se montre précisément quand il part du néant pour faire tout ce qu'il veut (S. Théophile d'Antioche, Autol. 2, 4: PG 6, 1052).

§297
La foi en la création «de rien» est attestée dans l'Écriture comme une vérité pleine de promesse et d'espérance. Ainsi la mère des sept fils les encourage au martyre:

Je ne sais comment vous êtes apparus dans mes entrailles; ce n'est pas moi qui vous ai gratifiés de l'esprit et de la vie; ce n'est pas moi qui ai organisé les éléments qui composent chacun de vous. Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé le genre humain et qui est à l'origine de toute chose, vous rendra-t-il, dans sa miséricorde, et l'esprit et la vie, parce que vous vous méprisez maintenant vous-mêmes pour l'amour de ses lois (...). Mon enfant, regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache que Dieu les a faits de rien et que la race des hommes est faite de la même manière (2 M 7, 22-23. 28).

§298
Puisque Dieu peut créer de rien, il peut, par l'Esprit Saint, donner la vie de l'âme à des pécheurs en créant en eux un coeur pur (cf. Ps 51, 12), et la vie du corps aux défunts par la Résurrection, Lui «qui donne la vie aux morts et appelle le néant à l'existence» (Rm 4, 17). Et puisque, par sa Parole, il a pu faire resplendir la lumière des ténèbres (cf. Gn 1, 3), il peut aussi donner la lumière de la foi à ceux qui l'ignorent (cf. 2 Co 4, 6).

Dieu crée un monde ordonné et bon

§299
Puisque Dieu crée avec sagesse, la création est ordonnée: «Tu as tout disposé avec mesure, nombre et poids» (Sg 11, 20). Créée dans et par le Verbe éternel, «image du Dieu invisible» (Col 1, 15), elle est destinée, adressée à l'homme, image de Dieu (cf. Gn 1, 26), appelé à une relation personnelle avec Dieu. Notre intelligence, participant à la lumière de l'Intellect divin, peut entendre ce que Dieu nous dit par sa création (cf. Ps 19, 2-5), certes non sans grand effort et dans un esprit d'humilité et de respect devant le Créateur et son oeuvre (cf. Jb 42, 3). Issue de la bonté divine, la création participe à cette bonté («Et Dieu vit que cela était bon (...) très bon «: Gn 1, 4. 10. 12. 18. 21. 31). Car la création est voulue par Dieu comme un don adressé à l'homme, comme un héritage qui lui est destiné et confié . L'Église a dû, à maintes reprises, défendre la bonté de la création, y compris du monde matériel (cf. DS 286; 455-463; 800; 1333; 3002).

Catéchisme de l'Église catholique © Libreria Editrice Vaticana 1992.

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